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Comment aider les enfants à faire face aux traumatismes liés à la guerre et aux événements perturbants

‌Écrit par Ryan N. James, titulaire d'un doctorat. Lisez cet article en arabe, birman, chinois, français, hindi, polonais, portugais, russe, espagnol, ukrainien ou ourdou.

Un garçon triste cache son visage dans un camp de réfugiés

Apprenez à reconnaître les signes et symptômes du traumatisme chez les enfants pour les aider à y faire face et à obtenir la prise en charge dont ils ont besoin.

La guerre et d'autres événements dans le monde peuvent être troublants, en particulier si vous êtes préoccupé par la sécurité au sein de votre communauté locale ou à l'étranger. Ces sentiments sont fréquents et légitimes et peuvent inclure des émotions diverses. Votre enfant ou vous-même avez peut-être tendance à vous sentir indigné, apeuré ou triste.

Chacun réagit différemment face aux événements perturbants. Certaines personnes peuvent être directement touchées alors qu'elles essaient d'échapper au conflit ou d'aider les autres. Les familles vivant à l'étranger peuvent s'inquiéter des agressions verbales, des crimes haineux ou d'autres menaces. Certaines familles peuvent subir des pertes ou d'autres événements potentiellement traumatisants avant de quitter des lieux en proie aux guerres ou aux conflits, après s'en être éloignés ou pendant leur voyage.

Même si la guerre touche une région éloignée, il peut être difficile de gérer les actualités et les publications sur les réseaux sociaux. Les actualités peuvent être contrariantes et accroître la peur ou l'anxiété d'une personne. Cette peur peut affecter la façon dont un enfant pense à ces événements et la façon dont il se rétablit ensuite.

Signes et symptômes du traumatisme

Les parents et les soignants peuvent apporter leur soutien en s'informant sur les signes d'alerte et les symptômes du traumatisme. Ces symptômes peuvent varier et affecter les enfants de tout âge, y compris les nourrissons. Les réponses des enfants aux événements traumatisants peuvent inclure :

  • Changements de comportement
  • Émotions intenses qui s'inscrivent dans la durée
  • Difficultés à gérer les émotions
  • Difficultés à tisser des liens avec les autres
  • Perte de compétences préalablement acquises
  • Difficultés à s'alimenter ou à dormir
  • Cauchemars
  • Troubles de l'attention
  • Difficultés scolaires
  • Faible estime de soi
  • Difficultés à ressentir des émotions positives
  • Pensées ou souvenirs stressants répétés liés à l'événement traumatisant
  • Croyances négatives sur le monde
  • Évitement de certaines personnes ou de certains endroits
  • Difficultés à se remémorer certains éléments liés à l'événement traumatisant
  • Symptômes physiques comme des douleurs
  • Impulsivité ou comportements à risque, p. ex. consommation de drogue ou d'alcool
  • Inquiétudes liées à la séparation
  • Mauvais comportements en cas de contrariété

Les enfants peuvent présenter ces symptômes lorsque quelque chose leur rappelle l'événement traumatisant. Les symptômes peuvent interférer avec l'attitude quotidienne d'un enfant ou affecter sa capacité à interagir avec les autres. Une personne présentant une réaction de stress traumatique peut ne pas présenter l'intégralité de ces symptômes. Par ailleurs, l'ensemble des personnes qui présentent un ou plusieurs de ces symptômes ne souffrent pas forcément de stress traumatique.

 

Aider les enfants et les adolescents sujets à un traumatisme

Si vous êtes préoccupé par la santé mentale de votre enfant ou adolescent à la suite d'un événement traumatisant, parlez-en à un médecin, un spécialiste de la santé mentale, un thérapeute, un psychologue, un assistant social ou un autre prestataire de soins. Vous pouvez trouver un spécialiste de la santé mentale formé au traitement des troubles liés aux traumatismes. Celui-ci pourra vous recommander un endroit sûr où votre famille pourra se rétablir et proposer d'autres services liés à la santé mentale.

Plusieurs types de thérapies peuvent aider à traiter les problèmes liés aux traumatismes. Notamment :

  • Thérapie comportementale et cognitive (TCC, ou TCC axée sur le traumatisme) : il s'agit d'un type de thérapie qui aide le patient à prendre conscience de ses pensées et croyances négatives dans le but d'apprendre à mieux gérer son stress.
  • Premiers secours psychologiques (PSP) : cette approche offre sécurité et confort et aide à mieux faire face à la situation et ainsi, à réduire la détresse psychologique.
  • Intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires (EMDR) : ce traitement vise à modifier la façon dont le cerveau stocke les souvenirs des événements stressants.

Dans certains cas, les médicaments peuvent également contribuer au traitement des troubles liés aux traumatismes.

Comment évoquer le traumatisme avec votre enfant

Vous pouvez guider les conversations avec votre enfant afin de mieux comprendre ce qu'il ressent et de l'aider à faire face. Mieux cerner ce que votre enfant comprend des événements dans le monde ou de la guerre peut l'aider à en parler et à se sentir légitime.

Avant de parler avec votre enfant, pensez aux émotions que ces événements perturbants suscitent chez vous-même. La guerre et les conflits peuvent raviver des souvenirs de traumatisme ou de perte. Ceux-ci peuvent provoquer des émotions difficiles telles que la tristesse, la peur et l'impuissance. En commençant par comprendre vos propres émotions, vous pourrez les surmonter et serez plus à même d'apporter une aide.

Voici quelques conseils pour vous aider à parler avec votre enfant :

  • Trouvez un ami ou un membre de la famille de confiance : ces sujets sont contrariants pour les adultes. Il peut donc être utile de partager vos propres pensées et ressentis avec un autre adulte. Vous pourrez ainsi mieux réfléchir aux préoccupations que vous souhaitez aborder avec votre enfant et vous serez mieux préparé.
  • Cherchez la vérité : vous souhaitez peut-être en apprendre davantage au sujet des événements perturbants en exploitant des sources fiables, dans le but d'apporter une réponse aux questions ou préoccupations de votre enfant. Vous avez le droit de dire à votre enfant que vous n'avez pas la réponse à sa question. Vous pouvez chercher la réponse ensemble.
  • Soyez curieux et ouvert avec votre enfant : ne partez pas du principe que vous savez ce qu'il pense ou ressent. Vous serez peut-être surpris d'apprendre ce qui le perturbe.
  • Posez des questions directes : vous comprendrez ainsi mieux comment apporter une réponse aux préoccupations de votre enfant.
  • Mettez des mots sur vos propres émotions : vous avez le droit de dire que vous êtes contrarié par les événements récents, de faire part de vos croyances, des choses que vous appréciez et de la manière dont vous pensez que les autres devraient être traités. Mettre des mots sur les émotions peut aider votre enfant à se sentir moins effrayé, en particulier si c'est un jeune enfant. Montrer de la colère pourrait effrayer votre enfant. Il convient donc de lui parler de ces sujets de façon posée.
  • Rassurez-le quant à sa sécurité : si votre enfant s'inquiète de sa sécurité, vous devriez peut-être lui expliquer où se situe la guerre et lui assurer qu'il est en sécurité dans sa communauté locale.
  • Suivi : vérifiez auprès de votre enfant les questions qu'il peut se poser, en particulier lorsque les événements évoluent. Votre enfant se sent ainsi soutenu et sait que vous serez là pour lui parler dans les situations difficiles. Vous pouvez ainsi gommer ses incompréhensions et identifier les informations erronées.

Les soignants et les familles peuvent aider les enfants à faire face et à se sentir en sécurité en instaurant une routine.

Ryan N. James, titulaire d'un doctorat

Conseils à destination des familles pour aider les enfants à faire face

Il convient de limiter l'exposition aux médias de votre enfant ou les conversations qu'il entend sur la guerre et les événements perturbants, en particulier si c'est un jeune enfant.

Les adolescents peuvent trouver utile de regarder les actualités avec leurs soignants et d'en discuter. Ils peuvent poser des questions après avoir visionné les actualités.

Il peut être utile pour les membres de la famille de se documenter davantage sur ces événements. Les familles peuvent également apprécier de collaborer pour trouver des moyens d'aider les personnes en situation de crise. Elles peuvent par exemple s'informer davantage sur l'histoire de la région touchée par l'événement en question ou faire un don à une association caritative.

Les soignants et les familles peuvent aider les enfants à faire face et à se sentir en sécurité en instaurant une routine.

Même si vous souhaitez vous tenir informé, éloignez-vous de temps à autre des actualités et interagissez avec les autres ou faites des activités amusantes. Les activités peuvent varier en fonction de l'âge et des centres d'intérêt de l'enfant, mais peuvent inclure des promenades, des jeux ou de la lecture avec lui.

Votre enfant arrivera mieux à faire face s'il est soutenu par sa famille, ses amis, son école et sa communauté. Concentrez-vous sur les forces de votre enfant, félicitez-le pour sa capacité à résoudre les problèmes et faites preuve de flexibilité pour l'aider à faire face. Les événements perturbants dans le monde peuvent affecter n'importe qui. Il est donc essentiel de faire preuve de patience et de prendre soin de votre enfant et de vous-même.

Pour plus d'informations

Ryan N. James

À propos de Ryan N. James, titulaire d'un doctorat

Professeur en psychologie et sciences biocomportementales
St. Jude Children's Research Hospital

Ryan N. James, titulaire d'un doctorat, est professeur au sein du département consacré à la psychologie et aux sciences biocomportementales du St. Jude Children's Research Hospital. Ses centres d'intérêt clinique incluent la douleur chez l'enfant, les soins tenant compte des traumatismes, ainsi que la prise en charge des adolescents et des jeunes adultes. Diplômée de l'Université d'Alabama, elle a obtenu son master et son doctorat à l'Université d'État de Louisiane. Elle a effectué son stage de pratique clinique au Washburn Center for Children de Minneapolis (Minnesota) et a obtenu sa bourse postdoctorale auprès du Health Shands Children's Hospital de l'Université de Floride (Gainesville, Floride).