Bienvenue dans
Ensemble est une nouvelle ressource qui s'adresse à toute personne touchée par le cancer pédiatrique : patients, parents, membres de la famille et amis.
En savoir plusComme toutes les leucémies, la leucémie myélomonocytaire juvénile est un cancer du sang et de la moelle osseuse. La LMMJ est un cancer rare diagnostiqué chez les nourrissons et les jeunes enfants. La LMMJ est le résultat de la fabrication, par la moelle osseuse, d'un nombre excessif de cellules cancéreuses qui remplacent les cellules sanguines normales. En l'absence d'un nombre suffisant de cellules sanguines normales, le corps ne se défend plus aussi bien contre les infections et le sang ne fonctionne pas correctement.
Chaque année, un à deux enfants sur 1 million reçoivent un diagnostic de LMMJ, ce qui représente 25 à 50 nouveaux cas par an. La LMMJ touche le plus souvent des enfants de moins de 4 ans. Dix pour cent des cas touchent des enfants de moins de 3 mois.
La LMMJ résulte de la transformation en globules blancs, nommés monocytes et myélocytes, d'un nombre trop important de cellules produisant les cellules sanguines (cellules hématopoïétiques). À la différence des cellules normales, les cellules cancéreuses ne meurent pas naturellement. Elles s'accumulent dans le foie, la rate, la moelle osseuse et le sang. Environ 90 % des patients présentent des mutations germinales (héréditaires) ou somatiques (spontanées et non héréditaires) des gènes PTPN11, KRAS, NRAS, CBL ou NF1. Il est important d'identifier la mutation génétique présente, car cela peut aider à choisir le traitement.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) classe aussi la LMMJ comme maladie mixte myélodysplasique/myéloproliférative car elle présente des caractéristiques communes avec deux autres types de cancer du sang.
L'augmentation de la taille de la rate et du foie et la présence de minuscules ecchymoses rouges et violettes (pétéchies) sont des caractéristiques de la maladie.
Les autres symptômes de la LMMJ peuvent inclure :
Il est parfois délicat de diagnostiquer la LMMJ chez les enfants parce qu'elle présente des symptômes similaires à ceux de plusieurs troubles du système immunitaire.
Les tests chromosomiques et génétiques sont importants dans le diagnostic de la LMMJ ; en effet, le type de mutation identifié peut aider à déterminer le traitement à administrer. La LMMJ est associée à plusieurs mutations génétiques. Environ 90 % des cas de LMMJ sont liés à une mutation connue des gènes PTPN11, KRAS, NRAS, CBL ou NF1. (Révision OMS 2016) Ces mutations peuvent être héritées d'un parent (mutations germinales) ou survenir spontanément (mutations somatiques).
Les tests diagnostiques de la LMMJ incluent les éléments suivants :
Dans un premier temps, un médecin établit les antécédents médicaux du patient et effectue un examen physique. Au cours cet examen, le médecin évalue l'état de santé général et recherche les signes de la maladie tels que la présence de masses ou toute autre manifestation inhabituelle. Il examine avec soin les yeux, la bouche, la peau et les oreilles ; il peut également mener un examen du système nerveux. Le médecin peut aussi procéder à la palpation de l'abdomen du patient pour détecter d'éventuels signes d'une augmentation de la taille de la rate ou du foie.
Numération formule sanguine
Les médecins demandent un examen sanguin nommé numération formule sanguine. On prélève un échantillon de sang pour déterminer :
Une anomalie du nombre de monocytes (un certain type de globules blancs) est une caractéristique de la LMMJ.
Études de chimie sanguine
On mesure dans un échantillon de sang les quantités de certaines substances qui sont libérées dans le sang par les organes et les tissus du corps. Une quantité inhabituelle d'une substance donnée (supérieure ou inférieure à la normale) peut être le signe d'une maladie. Par exemple, pour la LMMJ, une hypergammaglobulinémie (quantité supérieure à la normale d'une protéine de lutte contre les infections, la gamma-globuline) peut être détectée.
Les examens de la moelle osseuse, comme la ponction ou la biopsie de moelle osseuse, confirment un diagnostic de cancer et précisent le type de cancer. La plupart des enfants sont endormis (sous sédatif) pendant la procédure. S'ils ne sont pas endormis, on leur donne un médicament approprié contre la douleur.
Ponction de moelle osseuse : le médecin prélève un échantillon de moelle osseuse en insérant une aiguille fine et creuse dans l'os de la hanche. Un anatomopathologiste examine l'échantillon au microscope pour rechercher des signes de cancer.
Biopsie de moelle osseuse : le médecin prélève un petit morceau de tissu osseux pour déterminer l'ampleur de la propagation du cancer dans la moelle osseuse. On réalise généralement la biopsie juste avant ou juste après la ponction.
Comment se déroule la ponction/biopsie de moelle osseuse ?
Si un cancer est diagnostiqué, des tests supplémentaires auront lieu pour déterminer le sous-type de cancer. Ces tests incluent les éléments suivants :
On utilise l'immunophénotypage pour diagnostiquer les types spécifiques de leucémie en comparant les cellules cancéreuses aux cellules normales du système immunitaire.
L'immunohistochimie et la cytométrie en flux sont des tests réalisés en laboratoire.
L'analyse cytogénétique nécessite des tests réalisés en laboratoire, pendant lesquels des anatomopathologistes recherchent certaines modifications des chromosomes. La LMMJ est associée à plusieurs modifications cytogénétiques. Les plus fréquentes sont des anomalies des chromosomes 7 et 8. Environ 30 % des enfants atteints d'une LMMJ présentent une perte au niveau du chromosome 7 (monosomie 7).
L'un de ces tests est appelé hybridation in situ en fluorescence (FISH, fluorescence in situ hybridization). Ce test examine les gènes ou les chromosomes dans les cellules et les tissus. On fabrique en laboratoire des segments d'ADN contenant un colorant fluorescent et on les ajoute aux cellules ou aux tissus sur une lame en verre. Lorsque ces segments d'ADN se fixent à certains gènes ou à certaines régions des chromosomes sur la lame, ils deviennent lumineux.
Les tests moléculaires et génétiques sont l'élément le plus important du diagnostic de la LMMJ. Le médecin pourra recommander de réaliser des tests en laboratoire pour identifier des gènes, des protéines et d'autres facteurs spécifiques intervenant dans la leucémie. Cet examen est important parce que le cancer est dû à des erreurs (mutations) dans les gènes des cellules. La grande majorité des enfants atteints de LMMJ présente des mutations somatiques et/ou germinales de gènes impliqués dans la voie de signalisation RAS/MAPK. Une voie de signalisation est un groupe de molécules présentes dans une cellule qui agissent de concert pour contrôler une ou plusieurs fonctions cellulaires, par exemple, la division cellulaire ou la mort cellulaire. Lorsque la première molécule d'une voie de signalisation reçoit un signal, elle active une autre molécule. Le processus se répète jusqu'à ce que la dernière molécule soit activée et jusqu'à ce que la fonction cellulaire soit exécutée. Une activation anormale de certaines voies de signalisation peut entraîner un cancer et des médicaments qui bloquent ces voies de signalisation sont en cours de développement. Ces médicaments pourraient contribuer à inhiber la croissance des cellules cancéreuses et à les tuer. Des mutations des gènes NF1, PTPN11, KRAS, NRAS ou CBL sont présentes chez environ 90 % des patients atteints d'une LMMJ.
Les médecins peuvent utiliser les informations chromosomiques et génétiques ainsi que l'âge du patient afin de choisir un traitement en fonction de la qualité prédite de la réponse du patient au traitement. On parle d'une approche adaptée au risque ou stratifiée selon le risque.
Faible risque
On considère que les patients porteurs d'une mutation héréditaire du gène PTPN11 (syndrome de Noonan) ou du gène CBL (syndrome CBL) sont à faible risque. Parfois, ces patients entrent en rémission sans traitement. Ils sont étroitement surveillés par les médecins. Les patients qui présentent des symptômes tels qu'une augmentation de la taille de la rate ou des infections récurrentes peuvent recevoir une chimiothérapie.
Risque intermédiaire
Les patients de moins de 1 an atteints d'une LMMJ avec mutation somatique du gène NRAS sont considérés comme à risque intermédiaire. Ils peuvent aussi être surveillés étroitement ou recevoir une chimiothérapie, si nécessaire. Le médicament azacytidine s'est avéré plutôt efficace. Une greffe de cellules hématopoïétiques (ou greffe de moelle osseuse ou greffe de cellules souches) peut aussi être une option thérapeutique.
Risque élevé
Les patients porteurs de mutations somatiques des gènes KRAS, NF1, PTPN11 sont considérés à haut risque, soit parce que l'on estime qu'ils seront résistants (réfractaires) au traitement, soit parce qu'il est probable que leur maladie réapparaisse (récidive). Un traitement possible est une chimiothérapie par fludarabine et cytarabine et une greffe de cellules hématopoïétiques (également appelée greffe de moelle osseuse ou greffe de cellules souches) (avec administration des médicaments busulfan, cyclophosphamide et melphalan avant la greffe [traitement de conditionnement]).
Actuellement, le seul traitement de la LMMJ à haut risque qui offre un espoir de guérison à long terme est la greffe de cellules hématopoïétiques. Cette procédure est parfois suivie d'une greffe de lymphocytes natural killer, qui sont un type particulier de globules blancs. Une chimiothérapie ou, dans certains cas limités, un traitement ciblé, peuvent être des options.
Le frère ou la sœur du patient est habituellement le donneur le plus adapté pour la greffe de cellules. Si le patient n'a ni frère, ni sœur, l'un de ses parents ou une personne extérieure à sa famille peut être un donneur adapté. La greffe doit avoir lieu le plus rapidement possible après le diagnostic ; en effet, les taux de réussite de greffe sont maximaux chez les enfants les plus jeunes. En cas de récidive du cancer, une deuxième greffe de cellules hématopoïétiques et de lymphocytes natural killer a fait ses preuves.
La greffe de sang de cordon ombilical est un autre traitement possible.
Des essais cliniques sont également en cours pour la greffe de cellules souches de donneur apparenté HLA-haplo-identique (partiellement compatible). Ce type de greffe est une option envisageable pour les patients pour lesquels il n'y a pas de donneur de cellules souches sanguines ou de sang de cordon ombilical HLA-compatible.
Dans un petit nombre de cas, l'ablation de la rate peut être recommandée si sa taille a fortement augmenté.
Dans la mesure où la LMMJ est difficile à traiter avec les médicaments de chimiothérapie actuellement disponibles, la participation à un essai clinique portant sur des médicaments plus récents peut être une bonne solution pour les enfants pour lesquels aucun donneur adapté n'est disponible.
La sévérité des effets secondaires d'une greffe dépend généralement de l'état de santé global du patient avant la procédure.
Les effets secondaires des greffes de moelle osseuse peuvent inclure les éléments suivants :
Plus de 50 % des enfants concernés sont guéris par une greffe de cellules hématopoïétiques.
Environ 35 % à 40 % des enfants en rémission grâce à une greffe de cellules souches d'un donneur présentent une récidive de la LMMJ au cours de l'année qui suit. Une deuxième greffe de cellules souches s'est avérée efficace chez ces patients.
Environ la moitié des enfants atteints d'une LMMJ et qui ont reçu une greffe sont toujours en rémission après plusieurs années.
Les effets tardifs d'une greffe de cellules hématopoïétiques peuvent inclure les éléments suivants :
—
Révision : Juin 2018